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Jeunesse et Santé
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9 mai 2018

Article 10: Interview d'un médecin au planning familial

Voyons maintenant l’interview de Madame Pommaret Charlotte, gynécologue-obstétricienne au planning familial d’Aix-en-Provence (centre hospitalier, service gynéco-obstétrique).

J’ai choisi de l’interviewer car c’est une personne qui se trouve en première ligne en ce qui concerne la prévention chez les jeunes.

L’interview a été réalisée par mail.

 

 

- Depuis combien de temps faites-vous ce métier ?

Charlotte Pommaret : J’exerce en tant que gynécologue obstétricienne depuis 17 ans, et je suis dans ce service [au planning familial] depuis 6 ans.

 

- Qu’est-ce qui vous a poussé / donné envie de le pratiquer ?

CP : Depuis que je suis petite, j’ai toujours été intéressée par le corps humain et son fonctionnement. En grandissant, je me suis plus particulièrement penchée sur les appareils reproducteurs des êtres humains, et au fil du temps à celui des femmes précisément. J’ai toujours été curieuse de savoir comment une femme était capable d’engendrer la vie et de développer en 9 mois seulement un « mini-humain », presque tout aussi fonctionnel que des adultes.

 

- Quelle formation avez-vous suivie ?

CP : j’ai d’abord passé ma PACES [Première Année Commune aux Études de Santé] après mon baccalauréat scientifique. J’ai redoublé ma première année, comme une grosse majorité des étudiants. J’ai hésité entre la filière de médecine générale et la filière maïeutique [sage-femme], mais j’ai finalement posé mon dévolu sur le premier choix. Après 9 longues années d’études, j’ai enfin obtenu le statut de médecin gynécologue-obstétricien, puis j’ai rejoins un cabinet avec deux autres médecin (un généraliste et une chirurgienne-dentiste) où j’ai travaillé pendant 11 ans avant de me retrouver ici, à Aix-en-Provence.

 

- À quoi ressemble une de vos journée type ?

CP : Je reçois la plupart du temps des rendez-vous de routine, des femmes qui viennent pour leur suivi annuel. Le mercredi je m’occupe des grossesses ; les consultations, le suivi post-natal.

 

- Recevez-vous beaucoup de personnes pour des IVG ?

CP : Non, je n’en reçois pas énormément. Il est délicat de donner une moyenne, mais je pense me positionner aux alentours de 5 à 6 rendez-vous par mois concernant une demande d’IVG ou simplement des renseignements, et seulement 2 à 3 IVG réellement effectues. Ce sont surtout des jeunes femmes qui viennent me voir pour cela (je dirais entre 17 ans pour les plus jeunes et 28 pour les plus âgées d’entre elles, bien qu’il me soit déjà arrivé de pratiquer des IVG sur des femmes plus âgées).

 

- Pour vous, quel est le meilleur moyen pour sensibiliser les jeunes aux problèmes qu’ils rencontrent (drogue, alcool, conduite en état d’ivresse, IST…) ?

CP : Je pense vraiment qu’il faut réussir à marquer leurs esprits. Ils sont encore jeunes, et la plupart ne se rend pas compte des risques que certains de leur comportement leur fait prendre. Il faut qu’il se sentent concernés par les campagnes. Beaucoup se disent « ça n’arrive qu’aux autres », et lorsqu’ils se rendent compte que c’est faux, il est souvent trop tard.

 

- Pensez-vous que les campagnes de prévention/sensibilisation soient utiles pour les jeunes ?

CP : Je pense qu’elles sont surtout très importantes. Elles ne sont malheureusement pas toutes utiles, car comme dit plus haut, les jeunes ne se sentent pas concernés pour la plupart. Mais il faut absolument continuer à les prévenir des risques qu’ils encourent s’ils font ne se conduisent pas correctement. J’ai déjà eu plusieurs cas de jeunes filles (plutôt rares heureusement !) qui venaient me voir parce qu’elles venaient d’apprendre qu’elles étaient atteintes du sida après un rapport sexuel non protégé. Et pourtant elles avaient déjà vu des campagnes de prévention, des interventions de professionnels durant leur scolarité. Mais elles ne s’étaient pas senties concernées. C’est ce qu’il faut réussir à modifier dans les actions de prévention.

 

- Avez-vous le sentiment de réussir à changer certaines mentalités, certaines pensées ? (notamment par rapport à l’IVG)

CP : Mon rôle n’est pas de changer les mentalités de ces jeunes filles, mais plutôt de les accompagner et de les aider à passer ce cap. Une IVG est un moment très délicat et difficile à vivre, votre corps se prépare à avoir un enfant, il se charge de toutes les hormones nécessaires, commence à faire ses réserves, et d’un coup tout est annulé, et cela le perturbe énormément. Ce n’est pas une décision à prendre à la légère, et je fais tout pour que les femmes qui viennent me voir en soient le moins impactées possible.

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